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Aux seigneurs rois très glorieux les évêques qui étaient présents. Avec l’accord de la providence la religion a très justement confié ses procès aux princes pieux et catholiques, donnés au peuple, auxquels cette religion a été concédée, car elle se sent, grâce à la participation du très saint esprit, soutenue et fortifiée par la sentence de ceux qui règnent. Or, comme c’est par ordre de votre souveraineté que nous sommes réunis dans la cité de Poitiers pour les affaires du monastère de Radegonde de sainte mémoire, afin de prendre connaissance du conflit de l’abbesse dudit monastère et des religieuses qui par une décision néfaste sont sortie de cette communauté et qu’en raison de leur discorde, nous avons évoque les partie interrogé Chrotielde et Basine en leur demandant pourquoi elles étaient parties si audacieusement en violation de leur règle après avoir enfoncé les portes du monastère et pourquoi à cette occasion la communauté qui y était réunie s’est dispersée. Dans leur réponse celles-ci déclarèrent qu’elle ne voulait plus endurer la faim, le dénuement non plus que les mauvais traitement ; elles ajoutèrent aussi que divers hommes se baignaient d’une manière incongrue dans leur bain, que l’abbesse jouait elle-même aux dés et que des séculiers prenaient leur repas avec elles, qu’on avait même célébré des fiançailles dans le monastère, que l’abbesse aurait eu la témérité de faire avec une nappe d’autel toue de soie des vêtements pour sa nièce, qu’elle aurait enlevé inconsidérément des feuillage d’or qui étaient autour de la nappe et les aurait criminellement attachés au cou de sa nièce ; qu’elle avait aussi fait bien à la légère un collier orne d’or pour sa nièce parce qu’on célébrait à l’intérieur de ce monastère les fêtes de la première tonsure à la barbe.

Quand il interrogèrent l’abbesse pour savoir ce qu’elle avait à répondre à ces choses, elle déclara qu’en ce qui concernait la famine dont elle se plaignaient, elles n’avait jamais enduré elles-mêmes une disette excessive, étant donne la pénurie de la saison. Quant aux vêtements, elle déclara que si quelqu’un pouvait fouiller leur petites armoires, il verrait qu’elles en ont plus que ne l’exigent leurs besoin. Quant à la salle de bains qu’on lui reproche, elle exposa qu’elle avait été construite pendant les jours de carême et qu’en raison de l’âcreté de la chaux et pour que la fraicheur de la nouvelle construction n’incommode pas celle qui se baignaient, la dame Radegonde avait ordonne aux domestique du monastère de l’utiliser publiquement jusqu’à ce que l’odeur malsaine ait complètement disparu. Elle avait servi à l’usage des domestique depuis la carême jusqu’à la Pentecôte. À cela Chrotielde répliqua : « Et dans la suite beaucoup s’y sont baignés également. »

L’abbesse riposta qu’elle ne pouvait confirmer ce que ces femmes prétendaient et qu’elles ignorait si cela s’était fait ; mais d’ailleurs, elle leur reprocha de ne pas l’avoir dévoilé à l’abbesse si elles mêmes l’avaient vu. Quant à la table de jeu, elle répondit que, bien que qu’elle ait joue du vivant de dame Radegonde, elle ne se considérait pas comme coupable : elle rappela du reste que cela n’est prohibé ni dans la règle écrite ni dans les canons. Mais devant l’ordre des évêques, elle promit, en inclinant la tête pour marquer son repentir, qu’elle accomplirait tout ce qui lui serait commandé. Quand aux repas, elle dit qu’elle n’avait institue aucune nouvelle coutume, mais que, comme on le faisait du temps de dame Radegonde, elle avait offert les eulogies aux fidèles chrétiens, mais qu’on ne pouvait lui reprocher d’avoir jamais pris un repas avec eux. Quant aux fiançailles, elle dit aussi qu’elle avait reçu des arrhes pour sa nièce orpheline en présence de l’évêque, du clergé et des grand, et toutefois elle avoua que, si c’était un péché, elle en demandait pardon devant tous ; mais elle n’avait pas fait alors un banquet dans le monastère. Quant à ce qu’elles prétendaient au sujet de la nappe, l’abbesse produisit comme témoin une religieuse noble qui lui aurait remis à titre de cadeau un voile de pure soie qu’elle avait apporte de chez ses parents et elle en aurait coupe un morceau pour que l’abbesse en fasse ce qu’elle voudrait ; quant au reste, elle en ferait le moment venu une belle nappe pour en orner l’autel ; c’est avec le morceau découpé du voile qu’elle avait décore de pourpre la tunique de sa nièce ; pour le voile, elle dit qu’elle l’avait donné ici pour qu’il serve au monastère. Ces choses, la donatrice Didima les confirma entièrement. Quant au feuillages d’or et au collier d’or, l’abbesse recourut au témoignage de Maccon votre serviteur qui était présent, car c’est lui qui avait reçu dans sa main vingt sous d’or du fiance de la jeune fille, sa susdite nièce ; par conséquent la chose s’est faite publiquement et sans que le patrimoine du monastère y eut été mêlé en rien.

On interrogea Chrotielde ainsi que bassine pour leur demander si par hasard (ce qu’a Dieu ne plaise !) elles estimaient que l’abbesse avait commis quelques adultères, ou bien un homicide, ou un sortilège, ou encore un autre crime frappé d’une peine capitale. Dans leurs réponses elles déclarèrent qu’elles n’avaient rien à dire, sauf à proclamer que cette abbesse avait agit contre la règle pour les causes qu’elle avaient exposées. Finalement – et c’était la conséquence des péchés qu’on avait commis en violant la clôture et en laissant ces malheureuses privées de la discipline de leur abbesse faire tout ce qu’elles voulaient pendant l’espace de tant de mois – on nous présenta des nonnes que nous croyions innocentes et qui étaient enceintes . Après avoir discute méthodiquement de ces choses sans avoir trouve de crimes que l’on puisse reprocher à l’abbesse, nous lui adressâmes pour ses fautes plus légères des remontrances paternelles, afin qu’elle ne s’expose plus désormais à un blâme en les commettant de nouveau.

Nous avons ensuite étudié la cause des partie adverses qui ont commis des crimes plus graves ; en effet, elles ont dédaigné l’injonction que leur a faite leur évêque à l’intérieur du monastère de ne pas s’évader au-dehors ; puis après l’avoir foule aux pieds, abandonne dans le monastère avec le plus profond mépris et ridiculise, elles ont brise serrures et portes, sont parties et ont entraine d’autres nonnes dans leur péchés. En outre, quand l’évêque Gondégésile et ses comprovinciaux, appelés pour ledit procès, se sont rendu à Poitiers en vertu d’un précepte des rois et les ont convoquées au monastère pour l’audience, elle ont dédaigné la signification ; puis alors que lesdits pontifes réunis se rendaient à la basilique du bienheureux confesseur Hilaire, où ses femmes demeuraient, ainsi qu’il convenait à la sollicitude de ces pasteurs, et tandis qu’elles avaient été averties, elles ont provoqué une sédition, inflige des coups de bâton tant aux pontifes qu’aux domestiques et répandu du sang des vitres à l’intérieur de la basilique. Ensuite, au moment ou par ordre des seigneurs princes le prêtre Theuthaire, homme vénérable, venait d’être envoyé pour ce procès et ou l’on avait décidé quand le jugement aurait lieu, elles, sans attendre cette date, ont envahi, de la manière la plus séditieuse, le monastère ; Le feu a été mis à des tonneaux dans les communs, des portes ont été brisées à coups de barres et de haches, un incendie a été allumé, des religieuses ont étés maltraitées et blessées à l’intérieur de l’enclos et dans leurs oratoires eux-mêmes, le monastère a été pillé, l’abbesse a été déshabillée et tirée par les cheveux ; on l’a ridiculisée gravement en la trainant à travers les carrefours et elle a été enfermées dans un cachot ou, bien qu’elle n’ait pas été attachées, elle n’était pas libre. Lorsqu’est arrive le jour de Pâques qui est fête dans ce monde, le pontife offrit une rançon pour la condamnée afin qu’elle put au moins assister aux cérémonies du baptême ; or en dépit de son exhortation, la voix des suppliants n’a rien obtenu et Chrotielde a répondu qu’elle n’avait rien su d’un tel forfait, ni rien ordonne à cet égard ; Chrotielde a même affirmé que c’était grâce à son intervention qu’on avait obtenu que l’abbesse ne fut pas tuée par les siens, d’où il apparaît avec certitude qu’il en a été question. Une chose est permis de conclure de ces faits qui contribue à leur donner de la cruauté, c’est qu’elles ont tue près du tombeau de la bienheureuse Radegonde un serviteur de leur monastère qui fuyait et que dans la bagarre qui grandissait elle n’ont nullement chercher à assainir la situation ; puis ensuite elles ont pénétré dans le monastère pour s’en emparer pour elles mêmes et refusant d’obtempérer à l’ordre que donnaient les princes de faire comparaitre les séditieux devant le tribunal public, elles ont préféré contrairement au préceptes des rois prendre les armes et se soulever indignement avec des flèches et des lances contre le comte et le peuple. Puis la dessus elles sont sorties pour se rendre à l’audience publique en subtilisant en cachette la sainte croix très sacrée et cela sans droit, d’une manière indécente et furtivement ; dans la suite elle ont été obligées de la restituer dans l’église.

Comme tous ces crimes capitaux avaient été reconnus, mais comme loin d’être réprimés il se multipliaient constamment, nous signifiâmes à ces femmes qu’elles devaient demander pardon à l’abbesse pour leur fautes et réparer tout le mal qui avait été commis ; elles refusèrent de le faire, mais insistèrent pour proposer de la tuer comme elles s’en étaient déjà targuées publiquement. Ayant donc consulté et passé en revue les canons, il nous a paru très équitable de les priver de la communion jusqu’à ce qu’elles aient accompli une pénitence convenable et de rétablir l’abbesse à demeure dans sa fonction. Nous conformant à votre ordre, nous suggérons l’adoption de ces mesures qui sont de la compétence de l’autorité ecclésiastique, après avoir examine les canons et en dehors de toute considération de personne. En outre, en ce qui concerne le mobilier du monastère et les actes et chartes des seigneurs rois vos parents qui y ont été dérobés et qu’elles ont avoués garder en leur possession, mais que ces femmes, sourdes à nos ordres, ne nous rendront jamais volontairement, il appartient à votre piété et à votre souveraineté de les contraindre en vertu de votre autorité royale à les restituer en vue de la restauration de l’établissement afin que se perpétue votre récompense éternelle et celle des princes précédents, et de ne pas tolérer qu’elles reviennent, ni de permettre qu’elles aspirent à nouveau à rentrer dans ce lieu qu’elles ont saccage d’une manière si impie et tellement sacrilège et cela dans la crainte que des faits pires ne se produisent. De cette façon, les choses étant rétablies grâce à Dieu à la faveur des rois catholiques, la religion ne perdra rien, le maintient de la règle établie tant par le Peres que par les canons nous profitera pour le culte et vous récolterez les fruits. Que le Christ, Notre Seigneur, vous soutienne et vous dirige ; qu’il prolonge votre règne et vous confère la vie bienheureuse.

Grégoire de Tours, livre X, chapitre 16.