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Deuxième épisode

Vanda

bande-son de l’épisode



Le roi Clotaire, escorté de soldats et de ses fils, en compagnie du moine Fortunat, se dirige vers le monastère de la Sainte-Croix de Poitiers.


voix off de Fortunat :

En ce sixième siècle finissant, l’immense royaume des Gaules sombrait lentement dans les ténèbres.
Le monastère de la Sainte-Croix de Poitiers, vers lequel je me rendais, sous la protection du terrible roi des Francs, Clotaire, et des ses quatre fils, était la dernière étape de mon long pèlerinage.
J’avais hâte de revenir à Ravenne, de revoir le doux soleil de l’Italie.


Les cavaliers arrivent aux portes du monastère.


Glodosinde, donnant des coups de pieds aux esclaves allongés, rechignant à travailler :

Debout, fainéants ! Païens ! Fils de la truie ! Et ça voudrait communier en plus ! Et les vaches ? Qui c’est qui va les traire, les vaches ?


Un esclave, allongé :

Va t’faire foutre, toi et tes vaches !


Glodosinde :

Quoi !?


Un autre esclave, accourant :

Maîtresse ! Maîtresse !


Glodosinde :

Quoi "Maîtresse" ?


L’autre esclave :

Maîtresse ! Maîtresse !


Glodosinde gifle l’autre esclave, qui pousse un cri de douleur.


L’autre esclave :

Des hommes à cheval, Maîtresse ! Beaucoup d’hommes ! Ils arrivent !


Glodosinde accourt aux remparts du cloître, suivie d’esclaves.


Clotaire :

Ouvrez ! Fils de la mort ! Ou je lâche mes guerriers !


Glodosinde, du haut de la palissade :

Le roi !


Clotaire :

Fausse vierge ! Je suis le maître, ici ! Qu’on m’ouvre ! Ou ce sont mes hommes qui vont vous ouvrir ! Toutes !


Les hommes de Clotaire ricanent. Glodosinde court rejoindre le cloître.


Glodosinde :

Ma reine ! Ma reine ! Il est là ! Il est r’venu, ma reine ! Le roi Clotaire ! Avec ses guerriers ! Et ses fils ! Ses quatre fils ! Je les ai vus !


Radegonde :

Que veut-il ?


Glodosinde :

Y veut rentrer, sinon…


Radegonde :

Tu as prévenu Agnès ?


Glodosinde :

Non…


Radegonde :

Va prévenir Agnès ; c’est elle, l’abbesse, pas moi.


Glodosinde :

Mais…


Radegonde :

Mais quoi ?


Glodosinde :

Mais c’est vous qu’y veut, ma reine ! Y s’en fiche d’Agnès, que c’est l’abbesse ou pas ! C’est vous, sa femme ! C’est vous qu’il est v’nu chercher !


Clotaire, voix-off :

Radegonde !


Clotaire, frappant la porte du monastère avec sa francisque en poussant des cris de rage et de désespoir :

Radegooooonde !

Radegonde ! Radegoooonde !


Chilpéric :

Regarde-le, notre père, le fils de Clovis, en train de pleurer après une femme ! Roi des Francs…


Gontran fait tomber Chilpéric de cheval, crache sur son frère puis descend de son cheval et se rue sur lui, allongé dans la boue. Sigebert rit à gorge déployée. Fortunat observe le spectacle d’un air pathétique en hochant la tête.


Caribert :

Rhaaa ! Gontran !


Caribert descend à son tour de son cheval et se rue sur Gontran.


Clotaire, voix-off :

Radegonde !


Clotaire :

Gontran ! Caribert !


Le portail s’ouvre lentement en grinçant.


Clotaire :

Elle est prête ?


Agnès :

Prête à quoi, Monseigneur ?


Clotaire :

À me suivre !


Agnès :

La reine Radegonde ne quittera jamais ce monastère, Monseigneur.


Clotaire, après un soupir :

Pourquoi elle vient pas m’le dire elle-même ?


Agnès :

Mes sœurs n’ont pas le droit de sortir du cloître, Monseigneur. Seule moi-même, qui suis leur mère, et Glodosinde, notre intendante, avons ce pouvoir.


Clotaire :

Et moi j’ai l’pouvoir de t’faire courir à coups de pied dans l’cul jusqu’en enfer !

Qu’est-ce qu’elle fait maintenant ?


Agnès :

Elle lave le parterre du cloître.


Clotaire :

C’est une souillon, c’est ça ? La reine des Francs est devenue une souillon !


Agnès :

C’est une sainte, Monseigneur.


(rires)


Clotaire :

Vous entendez ça, vous autres ? Une sainte ! Le roi a été marié à une sainte, et il l’ignorait… Hein ? Alors je suis un saint, moi aussi… HEIN ?


Agnès :

Je ne sais pas, Monseigneur.


Clotaire, après un soupir :

Va lui dire que j’veux la voir. Maintenant !


Il lance sa francisque dans le ventre d’un esclave qui tombe en poussant un long cri. Agnès rejoint le cloître en courant.


Clotaire, à Glodosinde :

Apporte-nous à boire, toi… Et à manger ! "L’intendante"…


Clotaire prend un air satisfait de lui.


Agnès, à mi-voix :

Il a tué ! Il a tué ! Il ne veut rien entendre ; avant même d’entrer dans le monastère, il tue !


Radegonde :

Chantez, mes sœurs, chantez. Dieu exaucera votre prière. Il ne permettra pas que Clotaire fasse ce qu’il veut.


Radegonde sort du cloître et traverse la cour pour rejoindre une partie du monastère, sous les yeux de Clotaire. Il la rejoint.


Clotaire, jetant ses armes et ses ornements à terre :

Je suis nu comme un ver, Radegonde. Je n’étais pas plus nu quand je suis né.


Radegonde :

Grand bien te fasse, roi.


Clotaire :

Si je devais me battre, je n’aurais plus que mes mains.


Radegonde :

Contre qui voudrais-tu te battre ?


Clotaire :

J’ai envie de toi, Radegonde.


Radegonde :

Ne t’approche pas.


Clotaire :

Nous avons dormi ensemble, dans le même lit. Dans le lit non plus, tu ne me laissais pas approcher.


Radegonde :

Je ne t’ai jamais demandé de me mettre dans ton lit, roi.


Clotaire :

Ah ! Tu ne m’as jamais rien demandé, c’est vrai. Sauf de l’argent.


Radegonde :

De l’argent ? Pas pour moi. Pour le monastère, bon roi. Pour les pauvres.


Clotaire, ricanant :

Hem-hem ! Ah oui !

Les pauvres ! Et où sont-ils, les pauvres, dans ce monastère ? Aux cuisines ! Aux étables ! Aux champs ! Pour vous nourrir ! Toutes !


Radegonde :

C’est Dieu qui nous nourrit.


Clotaire :

Ah oui. C’est ça.

Je suis venu te reprendre, Radegonde. Je ne peux plus vivre sans toi.


Radegonde :

Alors tu me prendras morte. Je ne te suivrai plus jamais, Clotaire.


Clotaire :

Chienne ! Qui parle à Dieu comme s’il était vivant ! Et qui refuse de suivre son mari !


Radegonde :

Tu n’es plus mon mari.


Clotaire :

Je suis celui qui t’a prise !


Radegonde :

Je l’ai expié !

Tous les jours de ma vie, je me punis pour avoir échangé la chair avec la chair. Pour m’être laissé toucher par toi.


Clotaire :

Tu es folle, Radegonde.


Radegonde :

Oui, je suis folle ! Je suis folle du Dieu vivant ! Qui m’a ôté des assassins !

Tu as tué mon père, ma mère… Tu as tué mon… mon frère, aussi ! Tu m’as prise comme esclave, tu m’as couché près de toi, c’est vrai… Comme un animal !


Clotaire :

Un bel animal, Radegonde. Aaah… Le plus bel animal qui ait jamais couru le long de mon corps.


Radegonde :

Tais-toi, Clotaire !


Clotaire :

Il t’arrive de prier pour moi ?


Radegonde :

Oui.


Clotaire :

Je monte encore à cheval. Je lance encore la francisque correctement. Mes fils m’obéissent. Avec peine, mais ils m’obéissent. Et pourtant, le mal me ronge. Un mal étrange. Un rat vivant dans ma poitrine. Je voulais finir avec toi, Radegonde. Je voulais t’emmener. Quand on l’a su, on s’est moqué de moi. Dans tous les cœurs (?), on se moquait de moi. Je suis venu quand même. Je savais que tu ne me suivrais pas, je suis venu quand même. Pour te parler, Radegonde. Pour te dire que j’allais mourir. Et pour te voir… Une dernière fois.


Radegonde enlève son voile et laisse voir sa cheveulure à Clotaire. Après quoi Clotaire part, sans se retourner. Il rejoint ses hommes dans la cour du monastère.


Clotaire :

À cheval, tous !

La capitale nous attend. La roi a obtenu ce qu’il voulait.


Fortunat :

Vous me rendriez un service, ma bonne amie ?


Glodosinde :

Dis toujours, mon bon moine…


Fortunat :

J’aimerai pouvoir rester ici. Rester avec vous.


Clotaire :

Et que Dieu garde Radegonde !


Clotaire se retire du monastère avec ses fils et ses soldats.


Agnès, rejoignant Radegonde et voyant ses cheveux :

Comme tu es belle, ma reine… Comme tu es belle.


Radegonde :

Coupe-moi les cheveux.


Agnès :

Radegonde…


Radegonde :

Coupe-moi les cheveux, tu es l’abbesse. Tu ne dois pas tolérer qu’une nonne, une simple nonne, garde ses cheveux longs.


Agnès coupe les cheveux de Radegonde, gênée, dans une chambre.


Agnès :

Ma reine…


En forêt, Romulf et Albin, accompagnés d’un chariot tiré par deux bœufs, sont perdus.


Albin :

J’savais bien qu’ça finirait par arriver ! Tu sais rien, tu comprends rien, mais t’as toujours raison !


Romulf :

Oooh ! Tais ta gueule, Albin !


Albin :

Non, j’tairais pas ma gueule ! Parce que maintenant, on est perdu ! Alors qu’y suffisait de prendre à gauche, tout à l’heure ! Mais parce que t’es l’aîné, tu sais tout !


Romulf :

Mais je sais où j’suis !


Albin :

Ah oui, c’est ça, c’est ça ! Ça, pour parler, t’es fort ! Toujours le plus malin pour parler, toi, hein…


Romulf :

Albin, je vais t’tuer.


Albin :

Mais qui sait que t’es capable de tuer, toi ?


Romulf prend Albin par le col et pousse des grognements.


Albin :

Regarde !


Romulf :

La pierre levée…


Albin et Romulf font le signe de croix. Le naïf Romulf se trompe d’ordre.


Romulf :

Faut qu’on s’sauve d’ici, vite. Si ça lui prend, on va s’prendre le malheur !

Qu’est-ce que c’est qu’ça ?


Albin :

C’est la pierre qui rit…


Romulf :

Tu crois ?


Albin :

C’est les dieux d’la forêt. Y rigolent dans la pierre…


Romulf :

C’est pas possible, ça.


Albin :

Mais où tu vas, Romulf ? Attends-moi, Romulf ; me laisse pas !


Romulf se dirige vers la pierre ; Albin le rejoint. Romulf contourne la pierre et trouve un petit enfant avec un louveteau au pied d’un arbre. Il fait signe à Albin de venir. Un loup approche, l’air agressif. Romulf le blesse violemment en lui lançant une francisque dans le corps.


Romulf :

Faut pas traîner ici.


Romulf prend l’enfant.


Albin :

Romulf… Romulf !


Albin fait signe à Romulf de regarder des cadavres dans la neige.


Albin :

C’est la pierre levée… C’est la malédiction…


Romulf :

Allez Albin ! Viens ! Viens vite ! (?)


Les deux frères s’enfuient. Un petit garçon, Urion, est dans l’arbre.


Urion :

Vanda ! Vanda ! M’abandonne pas…

Il pleure.


Glodosinde :

Mais qu’est-ce que vous faisiez ?


Romulf :

On apporte le vin.


Glodosinde :

À cette heure !


Romulf :

On s’est perdu !


Glodosinde :

Toujours à vous perdre, vous, les Gaulois ! Bons à rien ! Qu’est-ce qui m’dit qu’vous n’avez pas bu la moitié d’mes barriques !


Romulf :

Écoute, ouvre-nous, ma sœur, on est fatigués ! Et j’apporte un enfant !


Glodosinde :

Un enfant ? Mais quel enfant ?


Romulf :

Oooh… J’lai trouvé près de la pierre levée !


Glodosinde :

Païens, j’le savais, tous païens… Mais qu’est-ce qu’tu faisais près d’la pierre levée ?


Romulf :

On s’est perdu, j’te dis, tu comprends ? Ça risque pas de t’arriver à toi, toujours dans tes quat’ murs !


Glodosinde :

Quoi ?


Albin :

Mais Glodosinde… Regarde !


En voyant l’enfant, Glodosinde laisse les frères entrer dans la cour du monastère.


Glodosinde :

Qu’est-c’qu’il est moche !


Romulf :

Il est pas moche…


Glodosinde :

Et ça… C’est quoi ?


Romulf :

Et ça c’était avec l’enfant… Et y avait ça, aussi.


Glodosinde :

C’est un enfant des loups ?


Romulf :

HA ! Et c’est moi qu’on traite de païen !

Elle est là, sa mère.


Glodosinde :

Mon pauf’ petit… Qu’est-c’qu’on va faire de toi ?


Romulf :

Va prévenir l’abbesse !


Glodosinde :

Oui… Ah, oui-oui, oui… Oui-oui, l’abbesse, oui… Oui ! Oui !

Elle entre dans le cloître.


Glodosinde, crie :

Le Gaulois a ram’né un enfant !


Une nonne :

Un enfant ?


Glodosinde :

Oui ! Un enfant ! Un bel enfant !


La nonne court vers la cour.


Une autre nonne :

Mais tu sais bien qu’on n’a pas le droit de sortir !


Albin :

Et l’premier loup, une grosse louve, il l’a abattu d’un coup d’francisque.


Un esclave :

Oh !


Albin :

Et puis y en a plein d’autres qui sont arrivés… ’tin, la frousse, la frousse…


Un esclave :

Et y en avait beaucoup ?


Albin :

Au moins une dizaine ! Derrière chaque arbre, y avait un loup ! Alors, mon frère Romulf, il a sorti son épée, et il a commencé le massacre !


Agnès, la mère supérieure, fait irruption dans la cour.


Agnès :

Mais… Qu’est-ce que vous faites là ? Vous n’avez pas le droit de sortir du cloître ! Combien de fois faudra-t-il que je vous le dise ? Rentrez immédiatement.


Une nonne :

Regarde ! Regarde, ma mère, comme il est joli…


Une autre nonne :

Il est si drôle, ma mère !


Agnès :

Hmmm… Qu’est-ce qu’il sent mauvais !


Romulf :

Y sent pas mauvais !


Glodosinde :

Tu pues encore plus que lui, comment tu peux savoir ?


Agnès :

Et ça, qu’est-ce que c’est ?


Romulf :

C’est à lui. C’est son loup.


Radegonde :

Je ne croyais pas en Dieu, d’abord. Mon pays était fermé par trois grands fleuves : le Rhin, le Danube et l’Elbe. On y vénérait encore les idoles. Puis Clotaire est venu, piant, massacrant. Il m’a pris comme esclave avant de me prendre pour femme. Mais à quelque chose malheur est bon, moine Fortunat. J’ai découvert les saintes écritures et je me suis convertie.


Fortunat :

Ma reine… Je suis venu de Ravenne pour entendre cela. Me permettez-vous de l’écrire ?


Radegonde :

Ma vie n’est pas intéressante… C’est pas ma vie qu’il faut écrire !


Agnès frappe à la porte, la pousse puis entre dans la pièce.


Agnès :

Pardon, Radegonde, j’ai permis au Gaulois d’entrer dans le cloître. Il porte un enfant…

Romulf ?

Romulf ! (voix-off)


Romulf :

J’entrerais pas, moi.


Agnès :

Quoi ?


Romulf :

Déjà qu’j’ai pas le droit d’être ici, la reine en plus…


Agnès :

Lâche Gaulois, qui se bat contre les loups mais qui a peur d’une sainte, allez…

Alleeeez…


Radegonde :

Que nous amènes-tu, Romulf ?


Agnès :

Il l’a trouvé dans la forêt.


Radegonde :

Et ça ?


Agnès :

L’enfant a été trouvé au milieu des loups. Sa famille a été décimée ; on a trouvé deux corps à moitié dévorés…


Radegonde :

Tu as bien fait d’amener cet enfant ici, Romulf. Si les loups l’ont épargné, c’est que la main (l’âme ?) de Dieu était sur lui. Qu’allons nous faire de toi, mon petit ?


Romulf :

Je voudrais pas qu’y r’tourne dans la forêt.


Radegonde :

As-tu des enfants, Gaulois ?


Romulf :

Non…


Radegonde :

Moi non plus.

Accepterais-tu que je sois sa marraine ?


Agnès :

Alors ? Réponds, Gaulois !


Romulf, à mi-voix :

Oh oui…


Radegonde :

Lève-toi.


Forunat :

Sit dai, alzati ! (italien : "Lève-toi")


Agnès :

Puisqu’on te dit de te lever !…


Radegonde baise les pieds de Romulf.


Glodosinde :

Esclaves vous êtes, esclaves vous resterez, bande de fainéants ! Si vous cassez une barrique, je vous casse la tête !


Romulf :

Albin ! Albin ! Albin…

La reine garde le p’tit… Et tu sais pas quoi ? J’suis son parrain ! Héhéhé… Et tu sais qui c’est la marraine ?


Albin :

Héééé… C’est Glodosinde !


Romulf :

Albin, j’vais t’tuer !

C’est Radegonde… La sainte… C’est elle, la marraine… Elle et moi ! Et tu sais ce qu’elle m’a fait, la marraine ?


Albin :

Ben non !


Romulf :

Les pieds…


Albin :

Ben quoi, les pieds ?


Romulf :

Elle m’a embrassé les pieds !


Albin :

Hahahahahaha… Radegonde, elle t’a embrassé les pieds ?


Romulf :

À moi… Pour m’remercier.


Albin :

Ah mais ça c’est comme le jour où tu as tué trente Bretons à toi tout seul, hein ?


Romulf se lève brusquement et fait mine à Albin de vouloir le frapper.


Albin (crie) :

Non, j’te crois, j’te crois ! Héhéhahahaha…


Glodosinde :

Alors, c’est un garçon ou une fille ?


Des nonnes lavent l’enfant.


(murmures de joie)


Begga :

C’est une fille !


(murmures de joie)


Agnès :

Dieu soit loué, on va pouvoir te garder au monastère !


(murmures de joie)


Fortunat :

Oh, elle porte une petite chaîne en or, hum.


Radegonde :

Fortunat…


Fortunat :

Et ça, c’est de la pierre. J’ai déjà vu ces signes sur les armes des guerriers huns. Cela correspond à notre… à notre V. Et ça, c’est un A. Alors… V… Van-da.


Radegonde :

C’est son nom ?


Fortunat fait un signe d’ignorance en guise de réponse.


Radegonde :

Vanda… Vanda…


Radegonde prie pendant que Vanda dort à ses pieds.


(hurlements de loups)


(galop d’un cheval)


(bruit d’un vent hivernal)


(chœur de nonnes)


Fortunat, à Vanda :

Ton parrain et ta marraine, ayant confessé le mystère de la Sainte Trinité pour toi, par ce baptême, je t’accueille au sein de l’église du Christ. In nomine patris, et fili, et spiritus sancti.


Les nonnes :

Amen.


Les portes de l’église du monastère s’ouvrent brutalement. Corbon, chef des soldats de Clotaire, traverse la nef à grand bruit. Il jette son épée à terre.


Corbon, à Romulf qui lui barre le passage :

Écarte-toi, Gaulois. Je suis fatigué.


Corbon s’agenouille.


Corbon :

Le roi est mort.


(murmures d’exclamation et d’inquiétude)


Radegonde :

Les quatre fils du roi sont aussi rapaces que leur père. Dès qu’ils se seront partagé le royaume, ils ne songeront qu’à étendre leurs pouvoirs. Alors, il y aura la guerre civile, et notre monastère sera à la merci du plus fort. Il faut absolument que tu obtiennes pour nous, Fortunat, que nous soyons protégés comme nous l’avons été au temps du roi Clotaire.